Chroniques de la Vie d'Auriol

Retrouvez ici quelques chroniques de la vie d'Auriol, à travers les ages.

Le marché du samedi

25 septembre 1367. Philippe de Tarente, empereur de Constantinople, frère de Louis 1er d’Anjou comte de Provence, à la prière de l’abbé de Saint-Victor, seigneur d’Auriol, viguerie d’Aix, ordonne qu’il se tiendrait une foire tous les ans au dit lieu, et un marché le samedi de chaque semaine. (Archives Communales d’Auriol – Liasse HH1).

Aujourd'hui, le samedi reste le jour du marché à Auriol. Vous y retrouverez des producteurs locaux, ou itinérants, sur le cours, à l'abris des platanes.

Noël 1772 : un « atroce » lancer de "balottes de neige" sur les consuls !

Chaque 24 décembre, les consuls et conseillers, modernes et anciens, de la communauté d’Auriol se retrouvaient pour apporter l’offrande de la vaquette aux pauvres de l’hôpital de la Miséricorde. Il s’agissait de leur donner les « rafraîchissements » traditionnellement payés par une partie de la pension que le seigneur d’Auriol, abbé de Saint-Victor, faisait chaque année pour être « distribuée en aumônes ».

En ce 24 décembre 1772, veille de Noël, dès la tombée de la nuit, les édiles auriolais en habit de cérémonie ont déjà parcouru une partie du Grand chemin, depuis la maison de ville jusqu’à la rue de la paroisse, au son du fifre et du tambour. Il a neigé. Des hommes portant flambeau éclairent la marche lente du cortège. La grande pompe, rituelle et symbolique, est un étrange mélange d’humilité – l’offrande aux pauvres – et de suffisance : le goût de l’apparence. Elle est avant tout le témoignage visible du don consenti par l’abbé de Saint-Victor aux plus humbles de ses vas-saux, les plus démunis des « manants de la communauté d’Auriol ».

Passé le pont Notre-Dame (Mairie), une sérénité empreinte de solennité règne encore sur la cérémonie. L’hôpital est en vue. Cette bâtisse construite en bordure même du Grand chemin touche les prés du couvent des Pères capucins. Situé sur la rive gauche de l’Huveaune (en haut du Cours), le lieu est presque complètement désert. Excepté l’auberge de la cloche d’Or, pas la moindre maison. A l’instant précis où le cortège est aux portes de l’hôpital, l’impensable se produit. L’outrage, qui entraîne le courroux du premier consul Barthélemy VELIN, est ainsi dénoncé : « Hier, étant à l’hôpital avec Messieurs MICHEL, lieutenant de juge, mon collègue, et les autres officiers municipaux modernes et quelques officiers du conseil ancien, pour distribuer, selon l’usage, aux pauvres des rafraîchissements, des inconnus nous ont assaillis indistinctement à coups de ballottes de neige et le sieur Joseph GOUIRAN en a reçu plusieurs sur le chaperon ainsi que le sieur ALBANES, trésorier ! »

Outré, le Conseil donne pouvoir aux administrateurs de la communauté pour porter plainte « contre les inconnus pour les faire punir de leurs atrocités et poursuivre les coupables ». Les auteurs du sacrilège seront rapidement retrouvés et traduits devant le tribunal criminel seigneurial. On ne brave pas impunément le pouvoir communal !

Retrouvez cet article de Marcel Guigou publié en janvier 2009, dans son contexte, sur Histoire et patrimoine des vallées de l'Huveaune et du Merlançon
Auriol sous la neige en janvier 2009
Auriol sous la neige en janvier 2009