1685. Joseph Trémellat « condamné au fouet »
Un Larcin, une trahison
"Convaincu de crime de lardessin" (larcin), Joseph TREMELLAT, habitant de ce lieu d’Auriol, a été condamné au fouet et au bannissement par la haute cour de justice du parlement d’Aix, ville où la peine sera exécutée. Le Conseil de la communauté d’Auriol entend protester contre cette décision. Car, pour servir d’exemple, la punition du larron doit être exécutée chez nous sur le lieu de son "crime", et pas ailleurs. Le consulat en est persuadé au point d’autoriser le premier consul, Joseph DOLLON, à se porter "incessamment" en la ville d’Aix pour exposer une requête.
Le poids des mots
Autrefois, le mot larcin englobait le vol sous toutes ses formes (objets divers, fruits des récoltes, etc.). C’était un "crime" qui touchait à la trahison de la communauté. De fait, le voleur trahissait les valeurs qui en garantissaient la cohésion et la sauvegarde. "Il fallait donc à toutes forces le punir". Comme de juste, le vol appelait un châtiment public qui avait lieu par toutes les places et carrefours. Afin de recevoir son châtiment, le coupable devait être dépouillé de ses habits ordinaires et apparaître en chemise pour suivre, par les lieux les plus fréquentés, un chemin de honte ponctué d’étapes plus ou moins longues où pleuvaient insultes et outrages. La mise en scène de la flagellation jusqu’au sang devait servir d’exemple. Pour en finir, le bannissement publié à son de trompe et cris publics assurait la publicité indispensable à la proscription du condamné conduit dans un état lamentable aux limites symboliques de la ville. La douleur physique et morale devenait alors un élément essentiel de la punition.
L’affaire Joseph Trémellat
Reprenons le déroulé des faits. Dans un premier temps, Joseph TREMELLAT a été condamné au fouet, chez nous, par le juge seigneurial de l’abbaye de Saint-Victor, pour un "crime" (un larcin, un vol) commis à Auriol. La sentence de basse justice prononcée, il a, selon la loi, tout de suite été déféré devant "Nosseigneurs les juges de la cour du Parlement de Provence hauts justiciers" qui ont confirmé la procédure et prononcé la sentence définitive. Conduit aux prisons royales de la ville d’Aix, le condamné attend de subir sa peine. C’est à ce moment précis qu’intervient la délibération du conseil de la communauté auriolaise qui demande et attend réparation...