Histoire de l'Huveaune à Auriol

Evolution du tracé de l'Huveaune à Auriol
1736. L’Huveaune, trente ans avant son alignement définitif

Au début du 18ème siècle, une situation inquiétante

Nous sommes le 24 juin 1736. Le sieur Jean-Baptiste Velin, premier consul, dit : « Lors des grosses pluies la rivière Huveaune qui passe long des maisons de ce lieu y a fait si grands ravages "surtout aux maisons voisines à celles de la place Sainte Barbe et de la rue Basse, qui en composent une grande partie", que la communauté aurait pris plusieurs fois détermination et résolution d’aligner ladite rivière depuis l’arignier jusques à lescluse de St Claude ». Il souligne que « le trajet n’est pas bien grand à cet endroit où la rivière fait un grand détour au moyen duquel les eaux n’ont pas leur libre cours et sont comme arrêtées. Tellement arrêtées qu’on a vu, par succession de temps, que le lit de ladite rivière, depuis le pont à l’entrée du lieu, vers le levant (pont Notre-Dame puis de l’Hôpital, aujourd’hui pont de la Mairie), jusques à la susdite écluse au sortir du village, au couchant, s’être rempli et aussi ré[h]aussé de beaucoup ». Cette situation déplorable entraîne constamment "des ravages et des pertes très considérables" mettant même "les habitants et leurs bestiaux en danger de leur vie". « Mais, déplore le premier consul, ce projet n’a jamais été mis à exécution ». Et pour cause : c’est seulement à la moindre pluie que "l’habitant se rappelle du danger où il a été dans le temps des dernières [grosses pluies]" et qu’à ces moments-là il est fait "des continuelles réquisitions" auprès du consulat. « Cet alignement – "au moyen duquel le lieu sera en sureté" – aurait dû être fait depuis long temps », regrette le premier consul. Dans le but de rassurer ses concitoyens, il ajoute :« J’avoue n’être pas naturellement porté sur la dépense ». Donc pas de risque d’un grave dérapage financier et d’augmentation des impôts. En conclusion : Il est grand temps de réagir ! D’autant plus que « les particuliers des terres voisines dudit alignement, au nombre de huit, apparaissent favorables au projet ». Il faut que soit mise à profit cette chance inespérée !

Sitôt adopté, contesté !

Le Conseil, à la pluralité (la majorité) des voix, "délibère de faire l’alignement sous le bon plaisir de Monseigneur l’intendant et de faire visiter le lieu par le sieur Vallon, architecte de la ville d’Aix, qui dressera le plan et devis. L’assemblée "députe François Guitton pour l’exécution de la délibération à laquelle il tiendra la main". Un grand pas vient d’être fait. Fait, mais pas pour longtemps car sitôt la décision d’alignement adoptée, l’inévitable se produit : Maître Barthélemy, avocat, et ses adhérents, déclarent qu’ils sont "opposants à la délibération qu’on vient de prendre"... A SUIVREvous pourrez assister en direct au féroce affrontement survenu entre intérêts individuels et intérêt collectif. Une belle illustration des balbutiements d’une démocratie locale en action. Marcel Guigou